dimanche 24 janvier 2010

A ma sœur, que j'aime, que j'aime...

Voilà bientôt une semaine. Ecoulée, envolée, elle s'en est fuie, comme le fait si bien le temps. Ce laps qui s'allonge m'éloigne tant de toi, de mes espoirs qu'un jour je puisse te revoir, t'étreindre tout contre moi. Noyée dans mon chagrin, je peine à reprendre la plume, t'écrire, t'assurer de mon bien être. Petite autoritaire, on penserait les rôles inversés, et nous autres, ceux t'aiment, serions les hospitalisés.
Là le temps te paraît bien plus long qu'à nous ici.
Voilà pour toi, je t'écris.

"Il y a peu, en classe, on a pratiqué une dissection. Si tu avais été à la maison, tu m'en aurais posées, de ces questions ! ... Tu me manques tellement, la maison est vide sans toi, sans âme. Tu hantes mes matins, où je te cherche, en vain, dans ta chambre : tu n'es plus là... Tu me manques, j'espère que tu vas bien. Reviens-moi vite, je t'en prie..."

J'essuie une larme qui ne vient pas, une larme qui blesse à ne pas vouloir strier mes joues. J'ai corrigé ton message blanc ; il a souillé mes meubles, maculé mon écran. Il s'accroche à mon bureau, mes vêtements. Il ne veut pas partir... Un sanglot s'est coincé dans ma gorge.
... Tu me manques.

mardi 15 décembre 2009

Désensibilisation

Ce jour, je m'en suis retournée à mon ancien collège, et j'ai compris ; malgré tout ce que j'y ai vécu, toute une partie de moi y a laissé ses empreintes. Peu importe alors qu'il s'agisse de ce côté de moi que j'exècre plus que tout, cela ne change rien, j'ai senti la nostalgie m'écraser l'âme, me tenailler le cœur, et plus encore quand j'ai entrevu ce qui s'approchait le plus d'un ami à l'époque de ma troisième. Nous nous sommes observés, j'ai eu la satisfaction de le voir grandi. Instant de bonheur de courte durée, car, détaillant son regard, je vis qu'il était vide, et cette idée m'a traversée comme le vent du dehors transperce les manteaux d'hiver : il ne m'a pas reconnue. Bien plus que la foule, le temps nous sépare, a creusé tout un fossé entre moi et ce passé que j'ai révolu par un prologue : ces six pages qui ont suffit à me faire inscrire ailleurs... et à changer si radicalement.

Je me suis imposé un masque de fards et de poudre, ne laissant en aucun cas l'occasion aux autres d'entrevoir quoi que ce soit de moi. Eux, si honnêtes avec moi, je vais jusqu'à contrefaire mes tics, mes mimiques, mes mots. J'ai cessé d'exploser par à coups pour me répandre. Je suis devenue tout le monde, sauf moi.

Pour sûr, tous aiment cette image, l'adulent et s'y attachent, mais ce n'est pas moi que ces autres aiment, c'est ce que j'en ai fait.

La personnalité est quelque chose
de précieux que j'ai outragé : bien
hélas, je ne m'en suis aperçue qu'à
l'instant.Il est trop tard maintenant
pour faire marche arrière : je me
dois d'assumer les conséquences de
mes actes, aussi pénible cela soit-il.

samedi 12 décembre 2009

L'utopie de décembre

Je regarde au-dehors ; le crachin, encore, brouille les contours des choses. L'automne prête à la nostalgie, ainsi qu'à la fatigue. Parfait stéréotype de l'artiste distraite, ma désorganisation m'en fait pâtir : je travaille jusqu'à ne plus distinguer l'horizon au loin, le fil noir d'un fil blanc plus près. Cet acharnement me dévore, et je rêvasse.

Ça y est : j'ai sorti les voiles. Me voilà partie vers les écluses du ciel qui laissent ruisseler l'eau par trombes. C'est temporaire, c'est fugace, je le sais, mais j'ai atteins quelque chose de semblable au bonheur, un monde où le temps ne me manque plus, où toute pression s'est envolée. Je l'ai dit : c'est évanescent, et le réveil me reprend au monde des songes, petit pays au goût d'idylle.

La neige est tombée. Elle sert de linceul aux ruelles, s'engouffre par l'entrebâillement de la fenêtre en maelströms de poudreuse. Je redeviens enfant, époque bénie, immergée sous les flots de l'innocence, de l'ignorance. Tout cela me manque.

Mais je ne tiens pas à me plaindre : introvertie, je respecte ma nature profonde et scelle toutes les douleurs du passé dans l'abîme que les adieux ont creusé en moi. Là bas, là où je m'en vais, me risquant sur le verglas du dehors, les mots sont inutiles : nous compatissons les uns pour les autres, avec ce sixième sens, assoupis en chacun, qui nous fais ressentir qui est en souffrance.

Cette utopie, ce petit monde à part, plus beau qu'un rêve tant il est réel, est ce bâtiment près de la cathédrale.

Jamais je ne me suis sentie aussi comprise, aussi utile et épanouie que dans cette école.

Si mon lycée n'est pas parfait,
il est ce que j'ai connu qui s'en
approche le plus.