samedi 12 décembre 2009

L'utopie de décembre

Je regarde au-dehors ; le crachin, encore, brouille les contours des choses. L'automne prête à la nostalgie, ainsi qu'à la fatigue. Parfait stéréotype de l'artiste distraite, ma désorganisation m'en fait pâtir : je travaille jusqu'à ne plus distinguer l'horizon au loin, le fil noir d'un fil blanc plus près. Cet acharnement me dévore, et je rêvasse.

Ça y est : j'ai sorti les voiles. Me voilà partie vers les écluses du ciel qui laissent ruisseler l'eau par trombes. C'est temporaire, c'est fugace, je le sais, mais j'ai atteins quelque chose de semblable au bonheur, un monde où le temps ne me manque plus, où toute pression s'est envolée. Je l'ai dit : c'est évanescent, et le réveil me reprend au monde des songes, petit pays au goût d'idylle.

La neige est tombée. Elle sert de linceul aux ruelles, s'engouffre par l'entrebâillement de la fenêtre en maelströms de poudreuse. Je redeviens enfant, époque bénie, immergée sous les flots de l'innocence, de l'ignorance. Tout cela me manque.

Mais je ne tiens pas à me plaindre : introvertie, je respecte ma nature profonde et scelle toutes les douleurs du passé dans l'abîme que les adieux ont creusé en moi. Là bas, là où je m'en vais, me risquant sur le verglas du dehors, les mots sont inutiles : nous compatissons les uns pour les autres, avec ce sixième sens, assoupis en chacun, qui nous fais ressentir qui est en souffrance.

Cette utopie, ce petit monde à part, plus beau qu'un rêve tant il est réel, est ce bâtiment près de la cathédrale.

Jamais je ne me suis sentie aussi comprise, aussi utile et épanouie que dans cette école.

Si mon lycée n'est pas parfait,
il est ce que j'ai connu qui s'en
approche le plus.

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