dimanche 5 juillet 2009

Matin d'été

«Hé, moi, là ! Réveille-moi !»
Le réveil n'a pas sonné, l'aube ne semble pas vouloir poindre. Néanmoins, je sais que je dois me lever ; ainsi sont faits mes matins. Ma scoliose n'est douloureuse qu'à l'éveil : elle agit sur moi avec une douce violence, à l'instar de n'importe quel bip bip strident rejeté par un réveil.
Et chaque matin débute de cette même manière. La suite va au gré de mes discussions entre moi et moi : oui, j'avoue être la seule debout à cette heure matinale.
«J'aimerai bien cette fois, pour le petit déjeuner, que je ne choisisse pas les céréales...
- Dommage pour moi, je pense que ce sera le seul paquet à porté de bras.
- Pour ma gouverne, les fruits sont dans la coupe, là, sur le buffet, je vois ?
- Bof, ils me donne envie, à moi ? Je vois bien que les bananes ne sont pas mûres.
- Oui, oui, je me le suis déjà dit hier, je me souvient ?
- Prépare mon matériel à dessin, au cas où.
- Compterais-je passer mon temps avec ma sœur et moi, à dessiner ?
- Je connais la réponse. Je n'en ai jamais assez de m'interroger sur des faits si certains.
- À moins de me faire enlever par je ne sais quel fou, ma vie sera aussi morose à ces instants qu'elle l'est d'habitude.
- Je le crains.»
Puis je clos la discussion en sortant une compote de pommes du réfrigérateur, à mon grand dam. Mais qu'importe.
Il m'arrive parfois, malencontreusement, d'oublier que je suis moi et moi, moi. Alors, je ne suis que ce que je suis, sans vraiment l'être ou le suivre. Mon ego devient alter, je le refais, le ressent et le personnifie en dehors de mon moi «non-altéré».
Je fini par être autrui.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire